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ÂME BLANCHE

dix-huit. Le couple Holstein possédait bien un fils, mais trop jeune pour qu’on le reçût rue Marcq aux cérémonies du Réveillon. Déjà, il était été bien difficile d’y faire admettre Maria, puis, Julie ; moi-même, je n’y parus qu’une fois, grâce au hasard qui rendait nécessaire la présence d’un quatorzième à table ; ces dames ayant toutes la superstition du nombre treize.

Ma grand-mère s’épouvantait à la perspective de ce que deviendraient ces soirées de la Saint-Sylvestre si l’on en venait à y introduire les générations successives, et elle accueillait les jeunes filles sans beaucoup d’aménité. Mais ces braves gens adoraient, vénéraient le docteur, croyaient de leur devoir de venir lui apporter leurs hommages ce jour-là, et ils eussent subi n’importe quelles avanies de la part de Mme Veydt, plutôt que de manquer au rendez-vous du 31 décembre !

C’était à celui d’entre eux qui flatterait l’oncle à l’endroit le plus sensible : ses nièces et petites nièces lui brodaient des pantoufles et des bonnets grecs ; il devait à une attention de Paul — qui était en relations d’affaires avec la Russie — le délicieux kûmmel gardé dans l’armoire de son cabinet et dont il nous régalait parfois le dimanche… ; enfin, Louis, Jacques et Staaf lui offraient, pour sa bibliothèque, des volumes scientifiques d’éditions rares reliés en veau, marqués à son monogramme. L’accolade de