Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/153

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elle avait dit bien des choses qu’elle ne s’avouait pas à elle-même. Non, elle ne reverrait plus jamais ces êtres inanimés qui sont cependant, qui existent, qui ont l’air d’avoir une âme et de penser souvent, qui avaient été lady Fauvette autant qu’elle-même, et qu’on vendrait aux enchères le lendemain ; qui seraient dispersés, dépareillés, qu’on enlèverait de là pour les conduire où ? Dieu sait !… qui étaient moins à elle maintenant qu’aux inconnus qui venaient les regarder ; elle n’avait plus de chambre, plus de maison, plus rien !… Et cependant elle releva la tête fièrement, tandis qu’elle descendait le grand escalier, et prit son air le plus hautain en traversant la foule des curieux qui encombraient le vestibule et les antichambres ; elle sourit même en tâchant de calmer son chien qui aboyait furieusement après ces personnages inconnus qui parcouraient l’hôtel en tous sens, comme en pays conquis.

— Paix ! César ; taisez-vous, lui dit-elle en le flattant de la main. Vous n’avez plus rien à dire ici.

C’était un caractère, un caractère élevé et grand, que cette enfant de dix-huit ans. Elle ne voulait de la pitié de personne !

— C’est miss Beaumont, disait-on en la regardant. Oui, ce doit être elle. Quelle morgue, quelle insouciance !

Et en effet, son air indifférent, sublime pour