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Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/227

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Barbarie qui égrenait, du fond de quelque cabaret de faubourg, la mélodie démodée et plaintive d’une vieille romance de Méhul, lentement, note à note ; puis, par instant, une lueur qui trouait l’obscurité, comme un gros œil curieux armé de lunettes et clignotant.

La neige était gaie ce soir-là ; elle avait l’air de rire silencieusement, et elle glissait vive, légère, si fine et si nombreuse que c’était à croire que le bon Dieu effeuillait toutes les pâquerettes de son royaume pour en faire une parure à la terre. On gagnait Vleurgat ; les chevaux s’envolaient, au galop, avec un doux petit tapage de harnais entrechoqués et de sabots battant les chemins durcis ; les glaces des portières, froncées et opaques, semblaient étamées par le grésil qui y traçait, comme au burin, des figures confuses, extravagantes.

La nuit tombait, enveloppant d’ombre cette blancheur ouatée, moelleuse à la vue, et la campagne se faisait muette. Le tohu-bohu, le mouvement vertigineux de Bruxelles que la voiture venait de quitter s’éteignit ; à peine si l’on distinguait encore une sorte de murmure, de brouhaha monotone, d’écho assourdi arrivant des boulevards extérieurs, par bouffées ; tout s’immobilisait dans un assoupissement serein et profond.