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Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/56

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lisait d’un ton grave et doux une de ces monotones légendes du vieux Rhin :

« … On entendit un faible soupir, puis le bruit d’un corps bien léger tombant dans l’eau, qui se rida un instant et reprit son doux murmure.

» Pauvre Lina, tu n’étais pas faite pour la terre ! »

— Voilà qui devient terriblement lugubre, tante Dosia ! Cette Lina était décidément un peu folle, je crois ; car enfin, puisque Hermann l’aimait !…

Miss Crach posa son ouvrage et, abandonnant avec regret un superbe ara, — d’une espèce exotique peu connue, — elle lui piqua son aiguille dans la tête, ôta son dé d’argent et dit de sa voix brève et sonore, en scandant ses paroles :

— Ne parlez donc pas toujours sans réfléchir, Alice ; cela me peine de vous entendre porter ainsi des jugements à la légère comme une enfant. Certes, Lina offensa Dieu en se donnant la mort ; nulle créature n’a le droit d’attenter à ses jours ; le Créateur seul est maître de notre existence et peut en trancher le cours quand bon lui semble. Le suicide est un crime. D’autre part, je l’admets, pour la moralité du récit, il vaut infiniment mieux qu’un mariage entre Lina et Hermann n’ait pas eu lieu. Je ne puis souffrir ces histoires où des princes épousent des bergères ; pur roman que tout cela.