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Page:Wiele - Lady Fauvette.djvu/80

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À deux heures du matin, la fête était finie ; le père et la fille se retrouvèrent enfin seuls.

— Quelle journée, dit Alice en s’éventant gaiement ; quelle bonne journée ! j’ai été bien heureuse aujourd’hui, père. Maintenant encore un an…

Il passa comme un éclair de sombre désespoir, de douleur immense dans les yeux du banquier… Cela dura à peine la centième partie d’une seconde ; il prit les deux petites mains blanches de sa fille :

— Dites-moi encore une fois que vous avez été heureuse aujourd’hui, Minny ! c’est mon seul bonheur à moi, ma seule récompense.

… Et ma seule excuse, ajouta-t-il en soupirant, tandis que le petit bruit des talons de l’enfant résonnait dans l’escalier.

— Oh ! quelle journée ! quelle vie ! et que faire ? Que faire ? Voilà la grande question, l’impossible contre lequel on se butte un jour quand tout a été fait. Que faire ? Rien.

Le banquier quitta le salon et entra dans son bureau particulier ; là, plus de fleurs, plus d’illuminations ; la fête n’avait pas franchi le seuil de cette chambre. Tout y était dans l’ordre accoutumé : les grands cartonniers, la bibliothèque, les vieilles tapisseries à personnages, un groupe en marbre qui se détachait sinistre dans l’ombre, les