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titution profondément respectable et profondément prétentieuse.

En fait il était exactement le type d’homme qui n’aurait jamais dû entreprendre d’écrire une vie de George Sand, ou d’interpréter le génie de George Sand.

Il était trop féminin pour apprécier la grandeur de cette nature amplement féminine.

Il avait trop de dilettantisme pour apercevoir la vigueur masculine de cet esprit énergique et ardent.

Il ne pénètre jamais le secret de George Sand, jamais il ne nous rapproche de cette étonnante personnalité. Il voit simplement en elle un littérateur, une conteuse de jolies histoires de la vie des champs et de romans où il y a du charme, mais quelque exagération.

George Sand était beaucoup plus que cela.

Si beaux que soient des livres comme Consuelo, comme Mauprat, François le Champi, et la Mare au diable, il n’en est aucun qui l’exprime d’une manière adéquate, aucun qui la révèle d’une manière adéquate.

Ainsi que l’a dit, il y a bien des années, M. Matthew Arnold, nous « sentons par derrière ces livres l’esprit qui se meut dans toute son œuvre ».

Mais M. Caro n’a aucun point de contact avec cet esprit.

Les doctrines de madame Sand, nous dit-il, sont antédiluviennes, sa philosophie est tout-à-fait morte, et ses idées de régénération sociale sont des utopies incohérentes et absurdes.