Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais, règle générale, les modèles anglais attendent patiemment à Londres le retour des artistes.

Presque toutes vivent chez leurs parents et aident à faire marcher le ménage.

Elles ont tout ce qu’il faut pour être immortalisées dans l’art, excepté la beauté des mains.

Les mains du modèle anglais sont presque toujours grossières et rouges.

Quant aux modèles masculins, c’est d’abord le vétéran dont il a déjà été fait mention.

Il a toutes les traditions du grand style, et il est en train de disparaître aussi rapidement que l’école qu’il représente.

Un vieux qui parle de Fuseli, est, naturellement, insupportable, et de plus les patriarches ont cessé d’être des sujets à la mode.

Passons au véritable modèle d’académie.

C’est généralement un homme de trente ans, qui a rarement une bonne figure, mais qui est une vraie merveille de musculature.

En fait, c’est l’apothéose de l’anatomie, et il a si bien conscience de sa splendeur qu’il vous entretient de son tibia ou de son thorax comme si personne au monde n’avait le pareil.

Puis, voici les modèles orientaux.

Leur nombre est restreint, mais il y en a constamment une douzaine dans Londres.

Ils sont très recherchés, car ils peuvent rester immobiles pendant des heures, et généralement ils possèdent de charmants costumes.

Néanmoins, ils ont en très médiocre estime l’art