Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/246

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La première chose qui frappe, quand on jette les yeux sur la liste de ceux qui ont fourni leur appoint aux Chants du Travail de M. Edward Carpenter, c’est la curieuse variété de leurs professions respectives. Ce sont les grandes différences de position sociale qui existent entre eux. C’est cette étrange mêlée d’hommes qu’a réunis un moment une passion commune.

L’éditeur est un « conférencier scientifique ».

A sa suite, viennent un drapier, un porteur, puis deux ex-maîtres d’Eton, deux bottiers, et ceux-ci à leur tour font place à un ex-Lord-Maire de Dublin, à un relieur, à un photographe, à un ouvrier sur acier, à une femme-auteur.

Dans une même page, nous trouvons un journaliste, un dessinateur, un professeur de musique ; dans une autre, un employé de l’état, un mécanicien-ajusteur, un étudiant en médecine, un ébéniste et un ministre de l’Église d’Écosse.

Certes ce n’est point un mouvement banal qui peut réunir en une étroite fraternité des hommes de tendances aussi différentes, et si nous mentionnons parmi les poètes M. William Morris, et disons que M. Walter Crane a dessiné la couverture et le frontispice du livre, nous ne pouvons ne pas sentir, comme nous l’avons déjà dit, que le socialisme se met en marche bien équipé.

Quant aux chants eux-mêmes, certains d’entre eux, pour citer la préface de l’éditeur : « sont purement révolutionnaires ; d’autres ont un ton chrétien. Il y en a qu’on pourrait qualifier de simplement matériels