Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/249

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de M. Carpenter, que si jamais la Révolution éclatait en Angleterre, ce ne serait point en un rugissement inarticulé, mais plutôt en de charmantes chansons, en de gracieux couplets.

On gagnerait certainement au change.

Néron jouait du violon pendant que Rome brûlait, du moins à ce que disent des historiens inexacts, mais c’est pour bâtir une cité éternelle que les Socialistes de nos jours se sont occupés de faire de la musique et ils ont une entière confiance dans les instincts artistiques du peuple.

    Ils disent que le peuple est brutal,
         qu’en lui sont mort les instincts de beauté.
    Si c’était vrai, honte à ceux qui le condamnent
         à la lutte désespérée pour le pain !
    Mais ils mentent en leur gorge, quand ils parlent ainsi
        Car le peuple a le cœur tendre,
    et une source profonde de beauté se cache
        sous la fièvre et la douleur aiguë de sa vie.

Voilà une stance prise dans une des poésies de ce volume, et le sentiment exprimé en ces mots domine partout.

La Réforme gagna beaucoup de terrain en employant les airs populaires de cantiques.

Les Socialistes paraissent décidés à conquérir la faveur du peuple par des moyens analogues. Mais ils feront bien d’être modestes dans leur attente.

Les murs de Thèbes s’élevèrent au son de la musique, et Thèbes fut une cité vraiment bien sotte.