Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/285

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quée c’est que l’art du gouvernement, voilà sa panacée posthume pour les maux passés.

Son héros, le Colonel Goring, a toujours sur les lèvres les mots : Ordre, loi. Il entend par le premier l’application violente d’une législation injuste ; le second signifie pour lui la suppression de toute noble aspiration nationale.

Un gouvernement qui impose l’iniquité, et des gouvernés qui s’y soumettent, voilà ce qui paraît à M. Froude, et ce qui est certainement pour bien d’autres, le vrai idéal de la science politique.

Ainsi que la plupart des hommes de plume, il exagère le pouvoir de l’épée.

Partout où l’Angleterre a dû lutter, elle a été prudente.

Partout où elle a eu, comme en Irlande, la force matérielle de son côté, elle s’est vue paralysée par cette force.

Ses mains vigoureuses lui ont fermé les yeux.

Elle a eu de la force et n’a point eu de direction.

Naturellement il y a une histoire dans le roman de M. Froude. Ce n’est pas une simple thèse politique.

L’intérêt du récit, tel quel, se concentre autour de deux hommes, le Colonel Goring et Morty Sullivan, l’homme de Cromwell et le Celte.

Ces deux hommes sont ennemis par la race, par la religion, par le sentiment.

Le premier représente le remède de M. Froude pour l’Irlande. Il est résolument anglais, avec de fortes tendances non-conformistes. Il établit une colonie industrielle sur la côte de Kerry, et il a des objections