Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/286

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profondément enracinées contre le commerce de contrebande avec la France, qui, au siècle dernier, était le seul moyen qu’eut le peuple irlandais pour payer ses fermages à des propriétaires absentéistes.

Le Colonel Goring regrette amèrement que les lois pénales contre les Catholiques ne soient pas rigoureusement appliquées.

C’est un homme de la Police « à tout prix ».

« Et c’est ce que vous appelez gouverner l’Irlande ! dit Goring avec mépris. Suspendre la loi comme un épouvantail à corbeaux dans le jardin, jusqu’à ce que tous les moineaux aient appris à s’en faire un jeu. Vos lois contre le Papisme ! Bon, vous les avez empruntées à la France. Les Catholiques français n’ont point jugé à propos de garder les Huguenots chez eux, et ils ont révoqué l’Édit de Nantes. Vous dites dans tout l’univers que vous traiterez les Papistes comme ils ont traité les Huguenots. Vous avez emprunté à la France jusqu’au langage de vos statuts, mais les Français ne craignent pas d’imposer leur loi, et vous, vous avez peur d’appliquer la vôtre. Vous laissez le peuple s’en rire, et en lui accordant le mépris d’une loi, vous lui enseignez à mépriser toutes les lois, celles de Dieu, celles de l’homme pareillement. Je ne saurais dire comment cela finira, mais ce que je puis vous dire, c’est que vous formez, vous élevez une race, qui en viendra un jour à étonner l’humanité par l’éducation que vous lui donnez ».

Le résumé, que M. Froude écrit de l’histoire de l’Irlande, ne manque pas de force, bien qu’il soit fort éloigné de l’exactitude.