Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/352

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trouvaille ; ou bien à un désir d’indiquer légèrement les nuances du sens avec leur accumulation d’effet, et d’éviter, parfois, la violence et la rudesse d’une opinion trop définie et trop exclusive.

En effet, au moins en matière d’art, la pensée est inévitablement colorée par l’émotion.

Aussi est-elle fluide plutôt que fixée, et se reconnaissant dépendante des états d’esprit et de la passion des beaux moments, elle n’acceptera point la rigidité d’une formule scientifique ou d’un dogme théologique.

En outre, le plaisir critique que nous éprouvons à suivre à travers les détours d’apparence compliquée, d’une phrase, le travail de l’intelligence constructive, n’est point à dédaigner.

Dès que nous nous sommes rendu compte du dessin, tout paraît si clair et si simple.

Avec le temps, ces longues phrases de M. Pater finissent par acquérir le charme d’un morceau de savante musique, et par avoir aussi l’unité d’une belle musique.

J’ai donné à entendre que l’essai sur Wordsworth est probablement le morceau le plus récent que contienne le volume.

Si l’on pouvait faire un choix entre autant de bonnes choses, je serais porté à dire que c’est aussi le meilleur.

L’essai sur Lamb est curieusement suggestif. Il évoque vraiment une figure un peu plus tragique, plus sombre que celle que l’on a pris l’habitude d’unir dans sa pensée à celle de l’auteur des Essais d’Elia.