Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/48

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Et de plus, les ténèbres et l’orage ne sont point regardés par l’homme primitif comme des choses « simplement répulsives ». Ce sont, pour lui, des êtres divins et surnaturels, pleins de merveille, dégageant une terreur mystérieuse.

Il aurait fallu aussi dire quelques mots au sujet de l’influence des villes sur le développement du sentiment de la nature, car si paradoxale que la chose puisse paraître, il n’en est pas moins vrai que c’est en grande partie à la création des cités que nous devons le sentiment de la Nature.

Le Professeur Veitch est sur un terrain plus ferme quand il en vient à traiter du développement et des manifestations de ce sentiment, tel qu’il apparaît dans la poésie écossaise.

Les anciens poètes, ainsi qu’il le fait remarquer, avaient tout l’amour du moyen-âge pour les jardins, connaissaient tout le plaisir artistique que donnent les couleurs vives des fleurs, l’agréable chant des oiseaux, mais ils n’éprouvaient aucun attrait pour la lande sauvage et solitaire, sa bruyère pourprée, ses rochers gris, ses broussailles qui ondulent.

Montgomerie fut le premier à errer sur les rives, parmi les roseaux, à écouter le chant des ruisselets, et il était réservé à Drummond de Hawthornden de chanter les flots et la forêt, de remarquer la beauté des brouillards sur la pente des collines et de la neige sur les cimes des montagnes.

Puis vint Allan Ramsay avec ses honnêtes pastorales pleines de bonhomie, Thomson, qui parle de la Nature dans le langage d’un commissaire-priseu élo-