Page:Wilde - Derniers essais de littérature et d’esthétique, 1913.djvu/56

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Bref, depuis que M. Balfour a été caricaturé, il faut écrire à nouveau toute l’histoire grecque !

Voilà à quel point en est venu le distingué professeur d’une Université distinguée.

Et rien ne saurait égaler le préjugé de M. Mahaffy contre les patriotes grecs, à moins que ce ne soit son mépris pour certains de ces braves Romains qui, dans leur sympathie pour la civilisation et la culture helléniques, reconnurent la valeur politique de l’autonomie et l’importance intellectuelle d’une saine vie nationale.

Il raille ce qu’il appelle leur « vulgaire sensiblerie au sujet des libertés grecques, leur préoccupation de redresser des torts historiques », et il félicite ses lecteurs de ce que ce sentiment n’a point été accru, à l’extrême, par le remords de savoir que leurs propres ancêtres ont été les oppresseurs.

Heureusement, dit M. Mahaffy, les anciens Grecs avaient pris Troie.

Aussi les tourments de conscience, qui aujourd’hui causent de si profonds remords, à un Gladstone, à un Morley, pour les péchés de leurs aïeux, n’étaient guère susceptibles d’agir sur un Marcius ou un Quinctius !

Il est parfaitement inutile de s’étendre sur la sottise et le mauvais goût de passages pareils, mais il est intéressant de constater que les faits historiques sont trop forts même pour M. Mahaffy.

En dépit de ses propos narquois sur ce qu’a de provincial le sentiment national, de ses vagues panégyriques en faveur d’une culture cosmopolite, il est forcé de reconnaître que s’il est vrai que le patriotisme