Page:Wilde - La Maison de la courtisane, trad. Savine, 1919.djvu/104

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amie, ces jours sont finis, passés : le fil de l’amour est filé.

Lève les yeux vers ces peupliers qui se balancent, se balancent dans l’air de l’été. Ici dans la vallée, jamais une brise n’éparpille le duvet du chardon, mais là-bas soufflent de grands vents, venus des puissantes mers aux mystérieux murmures et des vastes espaces, que cinglent les vagues.

Regardez là-haut où la blanche mouette jette son cri aigu. Que voit-elle que nous ne voyons pas ? Est-ce une étoile ou la lampe qui scintille sur quelque navire en route pour l’étranger ? Ah ! Se peut-il que nous ayons vécu nos vies sur une terre de rêve, que cela serait triste !

Chérie, ici il ne nous reste rien à dire que ceci : que l’amour n’est jamais perdu. L’âpre hiver poignarde le sein de mai dont les roses cramoisies crèvent ses glaçons. Des navires ballotés par la tempête trou-