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Page:Wilde - La Maison de la courtisane, trad. Savine, 1919.djvu/28

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marbre sous des cieux de saphir. Hélas ! mon Dante, tu as connu la douleur des existences plus vulgaires, la chaîne odieuse de l’esclavage, et combien il est pénible de monter les degrés dans les demeures des rois, et toutes les mesquines misères qui défigurent la noble physionomie d’un homme sous le ressentiment de l’injustice. Et pourtant ce morne univers est reconnaissant de ton chant ; nos nations te rendent hommage ; et elle aussi, cette reine cruelle de la Toscane vêtue de vignobles, elle qui de ton vivant a mis sur ton front une couronne d’épines, elle a maintenant couvert de lauriers ta tombe vide et redemande vainement les cendres de son fils.

O le plus grand des exilés, ta souffrance est finie, ton âme est maintenant auprès de ta Béatrice. Ravenne garde tes cendres. Dors en paix.