Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/243

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Et, chaque heure, l’ermite louait Dieu qui avait permis qu’il apprît à le connaître et à connaître son admirable grandeur.

Or, un soir, comme l’ermite était assis devant la caverne où il s’était organisé un lieu de repos, il aperçut un jeune homme au visage pervers et beau qui passait en habits simples et les mains vides.

Chaque soir, le jeune homme repassa les mains vides et, chaque matin, il revint les mains pleines de pourpre et de perles, car c’était un voleur, et il volait les caravanes de marchands.

Et l’ermite le regarda et il eut pitié de lui. Mais il ne lui dit pas un mot, car il savait que celui qui dit un mot perd la foi.

Et, un matin, comme le jeune homme revenait les mains pleines de pourpre et de perles, il s’arrêta, fronça les sourcils, frappa du pied sur la table et dit à l’ermite :

— Pourquoi me regardez-vous toujours de la sorte quand je passe ? Qu’est-ce donc que je vois dans vos yeux ? Car aucun homme ne m’a regardé auparavant de cette façon. Et