Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’est pour moi un aiguillon et un chagrin.

Et l’ermite lui répondit et dit :

— Ce que vous voyez dans mes yeux, c’est de la pitié. C’est la pitié qui vous regarde par mes yeux.

Et le jeune homme ricana d’un rire méprisant et cria à l’ermite d’une voix amère.

Il lui dit :

— J’ai de la pourpre et des perles dans mes mains et vous n’avez pour vous coucher qu’une natte de jonc. Quelle pitié auriez-vous pour moi ? Et pour quelle raison avez-vous cette pitié ?

— J’ai pitié de vous, dit l’ermite, parce que vous ne connaissez pas Dieu.

— La connaissance de Dieu est-elle une chose précieuse ? demanda le jeune homme.

Et il s’approcha de l’entrée de la caverne.

— Elle est plus précieuse que toute la pourpre et toutes les perles du monde, répondit l’ermite.

— Et la possédez-vous ? dit le jeune voleur.

Et il s’approcha encore.