homme lui était très cher, et sa personnalité avait marqué le tournant de son art. Il ne put supporter l’idée de lui faire plus longtemps des reproches. Après tout, son indifférence pouvait n’être qu’une humeur passagère ; il y avait en lui tant de bonté et tant de noblesse.
— Bien, Dorian, dit-il enfin, avec un sourire attristé ; je ne vous parlerai plus de cette horrible affaire désormais. J’espère seulement que votre nom n’y sera pas mêlé. L’enquête doit avoir lieu cette après-midi. Vous a-t-on convoqué ?
Dorian secoua la tête et une expression d’ennui passa sur ses traits à ce mot d’ « enquête ». Il y avait dans ce mot quelque chose de si brutal et de si vulgaire !
— Ils ne connaissent pas mon nom, répondit-il.
— Mais elle, le connaissait certainement ?
— Mon prénom seulement et je suis certain qu’elle ne l’a jamais dit à personne. Elle m’a dit une fois qu’ils étaient tous très curieux de savoir qui j’étais et qu’elle leur répondait invariablement que je m’appelais le « Prince Charmant. » C’était gentil de sa part. Il faudra que vous me fassiez un croquis de Sibyl, Basil. Je voudrais avoir d’elle quelque chose de plus que le souvenir de quelques baisers et de quelques lambeaux de phrases pathétiques.
— J’essaierai de faire quelque chose, Dorian, si cela vous fait plaisir. Mais il faudra que vous veniez encore me poser. Je ne puis me passer de vous.
— Je ne peux plus poser pour vous, Basil. C’est tout à fait impossible ! s’écria-t-il en se reculant.
Le peintre le regarda en face…
— Mon cher enfant, quelle bêtise ! Voudriez-vous dire que ce que j’ai fait de vous ne vous plaît pas ? Où est-ce, à propos ?… Pourquoi avez-vous poussé le paravent devant