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Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/107

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jusqu'à leur Maître reviendrait, renforcée par sa

 nouvelle puissance, douées d'un pouvoir plus efficace.
 --Ah! vraiment, si nous pouvions seulement
 atteindre à cela, nous aurions trouvé le dernier, le
 suprême credo.
 Ah! c'était chose aisée quand le monde était
 jeune, que de tenir sa vie à l'écart des contraintes
 et des souillures. Sur nos lèvres tristes a vibré un
 chant différent; nous nous sommes ôté notre couronne
 de nos propres mains, pour errer parmi les
 souffrances de l'exil; et dépossédés que nous
 sommes de ce qui nous appartient en propre, nous
 ne pouvons connaître d'autre aliment qu'une agitation
 sans trêve.
 En somme, la grâce, la fleur des choses s'est
 dissipée, et de tous les hommes nous sommes les
 plus misérables, nous qui devons vivre la vie l'un
 de l'autre et jamais celle qui nous appartient en
 propre, et cela par pure pitié, avec la peine de défaire
 ensuite; il en était autrement au temps où âme et
 corps semblaient se confondre en mystiques
 symphonies.
 Mais nous avons déserté ces charmants refuges,
 pour entreprendre d'un pied fatigué le voyage du
 nouveau Calvaire, où nous contemplons, comme
 celui qui voit sa propre face dans un miroir, l'Humanité
 s'égorgeant elle-même, où dans le reproche