Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/71

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 Et elle commanda à ses serviteurs de sculpter
 sur un cercueil en bois de cèdre toutes les merveilles
 de cette histoire. C'était dans ce giron odorant
 que reposeraient leurs membres, là où les oliviers
 adoucissent la teinte bleue du ciel, sur les
 petites collines de Paphos, où le faune joue de la
 flûte en plein midi, où le rossignol chante jusqu'à
 l'aurore.
 Et ils ne faillirent point à exécuter ses ordres, et
 avant que l'abeille matinale eût percé l'asphodèle
 des coups rageurs de son aiguillon ténu, avant que
 le dix-cors vigilant, quittant sa reposée, eût d'un
 bond franchi le ruisseau, et fait partir le merle
 d'eau, avant que le lézard eût grimpé sur le roc
 échauffé par le soleil, leurs corps reposaient sous
 le gazon.
 Et lorsque parut le jour, dans ce sanctuaire d'argent
 où brillent éternellement les flammes des trépieds
 vibrants, la Reine Vénus s'agenouilla, implora
 Proserpine, pour qu'elle, dont la beauté avait rendu
 amoureux le Dieu de la mort, voulût bien demander
 une faveur à son pâle époux, et obtenir qu'il
 laissât le Désir franchir avec le terrible Charon le
 passage du fleuve glacial.


III