Page:Wilde - Poèmes, trad. Savine, 1907.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vie avait été une ardente et coupable pulsation, une

 infamie splendide, pût dans le pays sans amour où
 règne Hadès, glaner une moisson brûlante sur ces
 champs de flamme, où la passion erre pieds nus,
 sans chaussures et pourtant sans se blesser. Ah!
 c'est assez qu'une seule fois leurs lèvres aient pu
 se rencontrer,
 en celle ardente palpitation où des existences entières
 semblent se condenser en une seule extase,
 et qui meurt dans l'excès de la volupté, dans la
 tension d'un plaisir convulsif, avant que Proserpine
 les désignât pour la servir autour du trône d'ébène
 où siège le pâle Dieu qui lui délia la ceinture dans
 les campagnes d'Enna.