Page:Wilde - Salomé, Librairie de l'art indépendant, 1893.djvu/40

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avait que les philosophes romains qui se tuaient. N’est-ce pas, Tigellin, que les philosophes à Rome se tuent ?

TIGELLIN

Il y en a qui se tuent, Seigneur. Ce sont les Stoïciens. Ce sont des gens très grossiers. Enfin, ce sont des gens très ridicules. Moi, je les trouve très ridicules.

HÉRODE

Moi aussi. C’est ridicule de se tuer.

TIGELLIN

On rit beaucoup d’eux à Rome. L’empereur a fait un poème satirique contre eux. On le récite partout.

HÉRODE

Ah ! il a fait un poème satirique contre eux ? César est merveilleux. Il peut tout faire… C’est étrange qu’il se soit tué, le jeune Syrien. Je le regrette. Oui, je le regrette beaucoup. Car il était beau. Il était même très beau. Il avait des yeux très langoureux. Je me rappelle que je l’ai vu regardant Salomé d’une façon langoureuse. En effet, j’ai trouvé qu’il l’avait un peu trop regardée.