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SALOMÉ

Donne-moi la tête d’Iokanaan.

HÉRODE (s’affaissant sur son siège)

Qu’on lui donne ce qu’elle demande ! C’est bien la fille de sa mère ! (Le premier soldat s’approche. Hérodias prend de la main du tétrarque la bague de la mort et la donne au soldat qui l’apporte immédiatement au bourreau. Le bourreau a l’air effaré.) Qui a pris ma bague ? Il y avait une bague à ma main droite. Qui a bu mon vin ! Il y avait du vin dans ma coupe. Elle était pleine de vin. Quelqu’un l’a bu ? Oh ! je suis sûr qu’il va arriver un malheur à quelqu’un. (Le bourreau descend dans la citerne.) Ah ! pourquoi ai-je donné ma parole ? Les rois ne doivent jamais donner leur parole. S’ils ne la gardent pas, c’est terrible. S’ils la gardent, c’est terrible aussi…

HÉRODIAS

Je trouve que ma fille a bien fait.

HÉRODE

Je suis sûr qu’il va arriver un malheur.

SALOMÉ (Elle se penche sur la citerne et écoute)

Il n’y a pas de bruit. Je n’entends rien. Pour-