Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/108

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ment pauvre, par suite du vol organisé sur lequel elle était fondée, qu’une véritable éducation était impossible pour qui que ce fût. Toute la théorie de leur soi-disant éducation était : qu’il est nécessaire de faire entrer un peu d’instruction dans un enfant, même par des procédés de torture, en l’accompagnant de bavardages que l’on sait inutiles, ou sinon il manquera d’instruction toute sa vie ; la hâte due à la pauvreté ne permettait rien d’autre. Tout cela est fini ; nous ne sommes plus pressés, et l’instruction est à la disposition de chacun, lorsque ses propres goûts le poussent à la rechercher. En cela comme en tout, nous nous sommes enrichis : nous avons le moyen de nous laisser le temps de la croissance.

— Bien, dis-je, mais supposez que l’enfant, le jeune homme, l’homme, ne désire jamais l’instruction, ne croisse jamais dans le sens que vous pouvez désirer : supposez, par exemple, qu’il ne veut pas apprendre l’arithmétique ou les mathématiques ; vous ne pouvez pas le forcer quand sa croissance est terminée ; ne pouvez-vous pas le forcer auparavant, et ne devriez-vous pas le faire ?

— Eh bien, vous a-t-on forcé à apprendre l’arithmétique et les mathématiques ?

— Un peu.

— Et quel âge avez-vous ?

— Mettons cinquante-six.

— Et qu’est-ce que vous savez maintenant en fait d’arithmétique et de mathématiques ? dit le vieillard, avec un sourire assez moqueur.