Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

car il me semble qu’après tout le pays doit être passablement peuplé.

— Certainement, la population est à peu près la même qu’à la fin du dix-neuvième siècle ; nous l’avons dispersée, voilà tout. Naturellement, nous avons aidé aussi à peupler d’autres pays,… où l’on avait besoin de nous et où on nous demandait.

— Une chose, il me semble, ne va pas avec votre mot de « jardin », pour caractériser le pays. Vous avez parlé de terres incultes et de forêts, et j’ai vu moi-même le commencement de votre forêt de Middlesex et d’Essex. Pourquoi conservez-vous cela dans un jardin ? N’est-ce pas vraiment fâcheux ?

— Mon ami, nous aimons ces morceaux de nature sauvage, nous pouvons nous les permettre, et nous les avons ; d’ailleurs, quant aux forêts, nous avons besoin de beaucoup de bois de charpente, et nous pensons qu’il en sera de même de nos fils et de nos petits-fils. Si le pays est un jardin, j’ai entendu dire qu’on avait autrefois des plantations d’arbres et de rochers dans les jardins ; et moi qui n’aimerais guère les rochers artificiels, je vous assure que plusieurs des rochers naturels de notre jardin méritent d’être vus. Allez vers le Nord, cet été, voir ceux du Cumberland et du Westmoreland, où, entre parenthèses, vous verrez des troupeaux de moutons, en sorte qu’ils ne sont pas aussi déserts que vous pouvez croire ; moins déserts que des champs de culture intensive hors de la saison, il me semble. Allez jeter un