Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/200

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tionnaires sous forme de souper. Le gouvernement massa des soldats et de la police ici et là, et se tint tranquille pour cette nuit-là, dans l’attente certaine, pour le lendemain matin, de quelque manifeste des « rebelles », comme on commençait à les appeler, ce qui lui donnerait l’occasion d’agir d’une manière ou d’une autre. Il fut déçu. Les journaux ordinaires abandonnèrent la lutte ce matin-là, et un seul journal, très violemment réactionnaire, appelé le Daily Telegraph, tenta de paraître et apprécia les « rebelles » en termes choisis pour leur folie et leur ingratitude à déchirer les entrailles de leur « commune mère », la nation anglaise, au profit de quelques agitateurs grassement payés, et des imbéciles qu’ils trompaient. D’autre part, les journaux socialistes (dont trois seulement, représentant des écoles légèrement différentes, étaient publiés à Londres) parurent, pleins jusqu’à la gorge de copie bien imprimée. Ils furent avidement achetés par tout le public, qui, bien entendu, de même que le gouvernement, s’attendait à y trouver un manifeste. Mais on n’y trouva pas un mot relatif à la grande affaire. Il semblait que les directeurs eussent fouillé leurs tiroirs pour en tirer des articles qui auraient convenu quarante ans plus tôt, sous le nom technique d’articles « de propagande doctrinale ». La plupart étaient d’admirables et lumineuses expositions des doctrines et de la méthode du Socialisme, d’une écriture sereine, sans rancune ni mots grossiers, et elles saisirent le public comme une