Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/201

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fraîcheur de premier mai, au milieu de la fatigue et de la frayeur du moment ; et bien que les gens informés comprissent que le sens de cet acte était un pur défi, et l’expression d’une hostilité irréconciliable contre les dirigeants actuels de la société, bien que, par là, les « rebelles » n’eussent en effet aucune autre intention, en fait, les articles produisirent leur effet « éducatif ». En outre, une « éducation » d’un autre genre agissait irrésistiblement sur le public, et probablement débrouilla un peu les cerveaux.

Quant aux membres du gouvernement, ils étaient absolument épouvantés par cet acte de boycottage (le mot d’argot alors employé pour exprimer de pareils actes d’abstention). Leurs avis devinrent incohérents et irrésolus au dernier degré ; pendant une heure, ils voulaient céder pour le moment, jusqu’à ce qu’on pût machiner un autre complot ; l’instant d’après, ils étaient sur le point d’envoyer l’ordre d’arrêter en bloc tous les comités de travailleurs ; puis, ils commandaient presque à leur jeune général tout animé, de prendre n’importe quel prétexte qui se présenterait pour un second massacre. Mais lorsqu’ils se rappelèrent que les soldats, dans cette « bataille » de Trafalgar-Square avaient été tellement démoralisés par le carnage qu’ils avaient fait, qu’on ne put les décider à tirer une seconde salve, ils reculèrent encore, et n’eurent pas le courage nécessaire pour décider un second massacre. En même temps, les prisonniers, amenés pour la