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CHAPITRE XVIII

LE COMMENCEMENT DE LA VIE NOUVELLE


— Eh bien, dis-je, vous êtes donc arrivés au bout de vos embarras. Les gens furent-ils satisfaits du nouvel ordre de choses, lorsqu’il fut instauré ?

— Les gens ? certainement, tous ont dû être heureux de la paix, lorsqu’ils découvrirent, comme ils durent le découvrir, qu’après tout, ils ne vivaient pas très mal, — même les anciens riches. Quant à ceux qui avaient été pauvres, tout le long de la guerre, qui avait duré deux ans environ, leur situation avait été s’améliorant, malgré la lutte ; et lorsqu’enfin la paix arriva, en très peu de temps ils firent de grands progrès pour atteindre une vie convenable. La grande difficulté fut que les anciens pauvres se fissent une idée si médiocre du plaisir véritable de la vie : à vrai dire, ils ne demandaient pas assez, ne savaient pas demander assez, au nouvel état de choses. Ce fut peut-être plutôt un bien qu’un mal que la nécessité de restaurer les richesses détruites pendant la guerre les obligeât tout d’abord à un travail presque aussi pénible que celui auquel ils avaient été habitués avant la Révolution. Car tous les his-