Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/214

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toriens s’accordent à dire que jamais dans aucune guerre il n’y eut une telle destruction des produits et des instruments pour les fabriquer que dans cette guerre civile.

— Cela m’étonne.

— Vraiment ? Je ne vois pas pourquoi.

— Mais parce que le parti de l’ordre devait certainement regarder les richesses comme sa propriété, dont aucune fraction — autant que possible — ne reviendrait à ses esclaves, en cas de victoire. Et, d’autre part, c’était précisément pour la possession de ces richesses que les « rebelles » combattaient, et j’aurais cru, surtout lorsqu’ils virent qu’ils l’emportaient, qu’ils auraient pris soin de détruire le moins possible de ces richesses qui devaient bientôt leur revenir.

— Ce fut pourtant comme je vous l’ai dit. Le parti de l’ordre, lorsqu’il se reprit, après la première lâcheté due à la surprise, — ou, si vous voulez, lorsqu’il vit clairement que, quoiqu’il arrivât, il serait ruiné, combattit avec une grande âpreté, et se soucia peu de ce qu’il faisait, pourvu qu’il fît du tort aux ennemis qui avaient détruit la douceur de la vie. Quant aux « rebelles », je vous ai dit que le déchaînement de cette guerre les rendit peu soucieux d’épargner les misérables bribes de richesses qu’ils possédaient. C’était parmi eux une parole courante de dire : Que le pays soit dépouillé de tout, excepté de gaillards vigoureux, plutôt que de retomber en esclavage !

Il réfléchit un moment en silence, puis il dit :