Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/222

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j’avais quittée pour un instant, parut devant moi ; et j’eus, pour ainsi dire, une vision de toutes mes aspirations vers le repos et la paix dans le passé, et un dégoût me prit à l’idée d’y revenir. Mais le vieillard rit tout bas, et dit :

— N’ayez crainte, Dick. En tout cas je n’ai pas parlé à l’air léger ; ni même uniquement à notre nouvel ami. Qui sait si je n’ai pas parlé à beaucoup ? Car peut-être notre hôte retournera quelque jour vers le peuple d’où il est venu, et pourra emporter un message qui pourra profiter à ce peuple et par conséquent à nous aussi.

Dick, d’un air embarrassé, dit :

— Je ne comprends pas très bien, père, ce que vous voulez dire. Tout ce que je sais, c’est que j’espère qu’il ne nous quittera pas : car, voyez-vous, il est différent des hommes auxquels nous sommes habitués, et il nous fait penser à toutes sortes de choses ; déjà il me semble que je pourrais mieux comprendre Dickens, maintenant que j’ai causé avec lui.

— Oui, dit Clara, et je pense qu’en quelques mois nous le ferons paraître plus jeune ; et j’aimerais voir comment il est, une fois les rides aplanies sur sa figure. Ne croyez-vous pas qu’il paraîtra plus jeune après quelque temps passé avec nous ?

Le vieillard branla la tête et me regarda, mais ne lui répondit pas, et nous nous tûmes tous pendant un moment. Puis Clara rompit le silence :

— Père, je n’aime pas cela : il y a quelque