Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/243

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— Non, non, voisin, dit-elle ; mais que c’est délicieux, délicieux !

— C’est vrai, dit-il ; mais faites-vous tant d’attention à cela ?

Elle rit d’un rire musical et nos voix plus rudes se joignirent à la sienne ; puis elle dit :

— Certes, voisin ; pas vous ?

— Oh ! je ne sais, dit le vieillard ; et il ajouta, comme s’il avait un peu honte de lui-même :

— Du reste, vous savez, lorsque le fleuve déborde et que tout Runnymede est submergé, ce n’est pas fort agréable.

Moi, j’aimerais cela, dit Dick. Quelle jolie promenade à la voile on ferait ici par une belle gelée, un matin de janvier.

Cela vous plairait ? dit notre hôte. Eh bien, je ne discuterai pas avec vous, voisin ; ce ne serait pas la peine. Entrez et venez souper.

Nous montâmes un sentier pavé entre les rosiers, qui conduisait à une très jolie chambre, aux panneaux sculptés propre comme une épingle neuve ; mais l’ornement principal était une jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux gris, dont la figure, les mains et les pieds nus étaient bruns de hâle. Elle était très légèrement vêtue, et cela évidemment par goût, non par pauvreté, bien que ce fussent les premiers habitants de la campagne que je rencontrais, car sa robe était de soie et elle portait aux poignets des bracelets qui me parurent d’une grande valeur. Elle était étendue sur une peau de mouton près de la fenêtre, d’où elle s’élança à notre entrée, et, lorsqu’elle vit les hôtes amenés par