Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/276

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reux de la femme, et, pour parler clair, jusqu’à ce que son amour soit satisfait, non seulement il s’attachera à la vie aussi étroitement que possible, mais il tirera le meilleur parti de tout ce qui lui arrivera… s’y cramponnera, pour ainsi dire, et je pense que c’est la véritable raison pour laquelle il prend toute l’histoire d’une façon si excessivement tragique.

Walter réfléchit et dit :

— Oui, vous pouvez avoir raison, et peut-être aurions-nous dû prendre tout cela plus légèrement ; mais, voyez-vous, Hôte, — et il se tourna vers moi, — pareilles choses sont si rares que, lorsqu’elles arrivent, nous ne pouvons nous empêcher d’en être très émus. De plus, nous sommes tous portés, pour excuser notre pauvre ami de nous rendre si malheureux, à croire qu’il le fait par un respect exagéré de la vie humaine et de ses joies. Voilà, je n’en dirai pas plus ; ceci seulement : voulez-vous me prendre, en remontant le fleuve, car il faut que j’aille voir une habitation isolée pour le pauvre camarade, puisqu’il le veut ainsi, et on me dit qu’il y en a une qui nous conviendrait très bien sur les coteaux de l’autre côté de Streatley ; si vous voulez me déposer la, je monterai la colline et j’irai voir.

— La maison en question est-elle vide ?

— Non, dit Walter, mais l’homme qui l’habite s’en ira, naturellement, du moment que nous en avons besoin. Vous voyez, nous pensons que l’air frais des coteaux et la solitude même du paysage feront du bien à notre ami.