Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/291

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connaissance étonnamment détaillée de l’histoire ancienne de sa région, depuis l’époque d’Alfred jusqu’au temps des Guerres parlementaires, dont beaucoup d’incidents, comme vous savez, se sont passés du côté de Wallingford. Mais, ce qui nous intéressa davantage, il avait des souvenirs précis de la période de transformation qui précéda le présent état de choses, et nous donna beaucoup de détails à ce sujet, particulièrement sur l’exode de la population des villes vers la campagne, et la recouvrance graduelle, par les gens d’éducation urbaine, d’une part, et par les gens d’éducation rustique, d’autre part, de ces arts de la vie qu’ils avaient perdus, les uns comme les autres ; perte qui, nous dit-il, avait été un moment si complète, que, non seulement il était impossible de trouver un charpentier ou un forgeron dans un village ou une petite ville de province, mais que les gens y avaient même oublié comment on cuit le pain, et qu’à Wallingford, par exemple, le pain arrivait de Londres, avec les journaux, par un train du matin, fabriqué d’une manière dont je ne pus comprendre l’explication. Il nous raconta aussi que les gens des villes, qui venaient à la campagne, apprenaient les arts de l’agriculture en observant avec soin le fonctionnement des machines, ne se faisant une idée d’un métier que par le machinisme, car à cette époque tous les travaux des champs se faisaient au moyen de machines compliquées, dont les laboureurs se servaient très inintelligemment. D’un autre côté, les vieux laboureurs parvinrent