Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/314

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Sur ce talus ou cette pente de la colline, nous prîmes donc notre repas de midi ; il était un peu tôt pour déjeuner, mais nous étions partis de bonne heure : la Tamise, mince cours d’eau, serpentait au-dessous de nous parmi le jardin de la campagne que j’ai décrite ; à deux cents mètres de nous il y avait une jolie petite île plantée d’arbres gracieux ; sur les hauteurs à l’ouest, il y avait un bois d’essences variées dominant l’étroite prairie au sud de la rivière ; et au nord une grande étendue de pré montait tout doucement depuis la rive. La flèche délicate d’un ancien bâtiment sortait des arbres à mi-distance, avec quelques maisons grises groupées autour ; et plus près de nous, à moins de cent mètres du fleuve, était une maison de pierre toute moderne — vaste carré à un étage, composé de constructions très basses. Pas de jardin entre la maison et la rivière, rien qu’une rangée de poiriers encore jeunes et grêles, et, bien qu’elle parût peu ornée, elle avait une sorte d’élégance naturelle, pareille à celle des arbres.

Comme nous étions assis à regarder tout cela dans la douce lumière du jour de juin, heureux plutôt que joyeux, Ellen, qui était près de moi, un genou serré dans ses mains, se pencha vers moi de côté, et dit d’une voix basse que Dick et Clara auraient pu percevoir, s’ils n’avaient été si occupés par leurs heureuses caresses muettes :

— Ami, dans votre pays, les maisons des travailleurs des champs étaient-elles un peu comme cela ?