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Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/313

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CHAPITRE XXIX

UN LIEU DE REPOS SUR LA HAUTE TAMISE


Bientôt, à un endroit où le fleuve contournait un cap de prairies, nous nous arrêtâmes un moment pour nous reposer et manger, installés sur un beau talus, qui atteignait presque la dignité d’une colline : les larges prairies s’étendaient devant nous, et déjà la faux était active dans les foins. Je remarquai un changement dans la beauté tranquille des champs : ils étaient çà et là plantés d’arbres, souvent d’arbres fruitiers, et l’on n’avait pas rogné avaricieusement l’espace aux beaux arbres, comme je me rappelais trop l’avoir vu ; les saules étaient souvent élagués (ou étêtés, comme ils disent dans cette région), mais cela était fait avec quelque égard à la beauté : je veux dire qu’on n’avait pas élagué des rangées entières de façon à détruire l’agrément de la campagne sur un demi-mille, mais que l’on avait coupé selon une méthode soigneuse, grâce à laquelle il n’y avait nulle part une brusque nudité. Bref, les champs étaient partout traités comme un jardin fait pour le plaisir autant que pour l’entretien de la vie de tous, ainsi que le Vieil Hammond me l’avait annoncé.