Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/338

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comme je fais ici. Vous voyez, on n’aura pas besoin des hommes de science, des historiens et des étudiants en général, avant que nous soyons en plein dans le fanage, ce qui, naturellement, ne viendra pas avant après-demain.

Tout en parlant, il me fit traverser le petit champ jusqu’à une sorte de chaussée qui dominait la prairie du bord de l’eau ; puis, tournant à gauche par un sentier dans l’herbe mûre, qui était dense et très haute, il me conduisit à la rivière, au-dessus du barrage et de son moulin. Là, ce fut délicieux de nager dans la vaste pièce d’eau au-dessus de l’écluse, où la rivière, retenue par le barrage, s’élargissait beaucoup.

— Nous voilà maintenant bien disposés pour le dîner, dit Dick lorsque nous fûmes rhabillés et reprîmes le chemin à travers l’herbe, et, certainement, de tous les repas de fête de l’année, celui-ci est le plus joyeux, sans excepter même la fête de la moisson de froment, car alors l’année commence à décliner et on ne peut s’empêcher d’avoir, malgré toute la gaieté, un sentiment des jours sombres, des champs dépouillés et des jardins vides, et le printemps est trop éloigné pour qu’on y pense. On approche de l’automne, le moment où l’on croit presque à la mort.

— Que vous parlez étrangement, dis-je, d’une chose régulièrement périodique, et par conséquent banale, comme la succession des saisons.

Et, en effet, ces gens étaient pour cela comme des enfants et s’intéressaient d’une façon qui