Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/342

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que les Puritains avaient passé à la chaux, sur les murs, les saints et les histoires du moyen-âge. Par contre, elle était gaiement parée pour cette fête, avec des festons de fleurs entre les colonnes et de grands pots de fleurs par terre tout autour ; sous la fenêtre du couchant, deux faux en croix étaient accrochées, dont les lames, blanches de poli, brillaient parmi les fleurs qui les enlaçaient. Mais le plus bel ornement était la foule d’hommes et de femmes, beaux, à l’air heureux, qui entouraient la table, et, avec leurs figures radieuses, leurs riches chevelures et leurs gais vêtements de fête, paraissaient, comme dit le poète persan, une corbeille de tulipes au soleil. Bien que l’église fût petite, il y avait beaucoup de place ; car une petite église fait une assez grande maison, et ce soir là il n’était pas besoin de mettre des tables en travers dans les transepts ; mais, sans aucun doute, il en faudrait le lendemain, lorsque les savants dont avait parlé Dick seraient arrivés pour prendre au travail de la fenaison leur part plus modeste.

Je me tenais sur le seuil avec la figure souriante d’un homme qui va prendre part à une fête dont il est prêt à jouir pleinement. Dick, à côté de moi, jetait sur la société un regard circulaire, d’un air propriétaire, à ce qu’il me sembla. En face de moi étaient assises Clara et Ellen, avec, entre elles, la place vide de Dick : elles souriaient, mais leurs beaux visages étaient tournés en sens contraire vers leurs voisins qui causaient avec elles, et elles ne