Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/37

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notre Hôte se sera pas perdu pour vous et vos histoires.

Je regardai Dick ; car j’étais très surpris de l’entendre parler si familièrement, pour ne pas dire sèchement, à un personnage de si noble apparence ; car je pensais que ce M. Boffin, malgré son nom bien connu dans Dickens, devait être pour le moins un sénateur chez ces gens étranges. Pourtant il se leva, et dit :

— Très bien, vieux rameur, tout ce que vous voudrez ; aujourd’hui n’est pas un de mes jours de travail ; et bien que (avec une inclinaison courtoise vers moi) le plaisir d’une conversation avec cet Hôte instruit soit différé, je reconnais qu’il devrait voir votre digne aïeul aussitôt que possible. Peut-être, d’ailleurs, lorsqu’on aura répondu à ses questions, sera-t-il plus capable de répondre aux miennes.

Et là-dessus il se leva et sortit de la salle.

Quand il fut tout à fait parti, je dis :

— Est-il mal de demander qui est M. Boffin, dont le nom, soit dit en passant, me rappelle bien des heures agréables passées à lire Dickens ?

Dick rit.

— Oui, oui, dit-il, comme nous. Je vois que vous saisissez l’allusion. Son vrai nom, naturellement n’est pas Boffin, mais Henry Johnson ; nous l’appelons Boffin par plaisanterie, tant parce qu’il est boueur, que parce qu’il s’habille de façon si voyante et porte sur lui autant d’or qu’un baron du moyen-âge. Mais pourquoi pas, si ça lui plaît ? Seulement nous sommes ses