Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/66

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nos figures déçues, si bien qu’il ne nous restait qu’à rire aussi.

— Où allez-vous ? demanda-t-il à Dick.

— À Bloomsbury.

— Si vous ne tenez pas à être tous deux seuls, j’irai avec vous, dit le vieillard.

— Très bien ; dites-moi quand vous voudrez descendre, et j’arrêterai. Montons.

Nous voilà repartis ; je demandai si c’étaient en général des enfants qui servaient le monde dans les marchés.

— Assez souvent, quand il ne s’agit pas de denrées très pesantes, mais pas toujours. Les enfants aiment à s’amuser à cela, et c’est bon pour eux, parce qu’ils manient une masse de produits, et cela les instruit ; ils apprennent comment ces produits sont faits, d’où ils viennent, et ainsi de suite. En outre, c’est un travail si facile que n’importe qui peut le faire. On dit que dans les premiers temps de notre époque, il y avait pas mal de gens qui étaient affligés par hérédité d’une maladie appelée paresse, parce qu’ils étaient les descendants directs de ceux qui, aux temps mauvais, obligeaient les autres à travailler pour eux… vous savez, les gens qu’on appelle maîtres d’esclaves ou employeurs dans les livres d’histoire. Eh bien, ces gens frappés de paresse passaient tout leur temps à servir dans les boutiques, parce qu’ils étaient propres à si peu de chose. Je crois même que, pendant un temps, ils furent positivement astreints à faire quelque travail de ce genre, parce qu’ils devenaient tellement