Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/76

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pays, on ne doit pas s’attendre à ce que vous sachiez ces choses. Et maintenant j’ai peur de vous avoir causé une impression désagréable.

C’était vrai, en un sens ; mais il y avait tant de générosité dans sa chaleur, que je ne l’en aimai que mieux, et je dis :

— Non, c’est uniquement de ma faute, parce que j’ai été si bête. Permettez-moi de changer de sujet et de vous demander ce que c’est que l’imposante construction à votre gauche, que l’on aperçoit au bout de ce bouquet de platanes ?

— Ah ! c’est un vieux bâtiment, élevé dans la première moitié du vingtième siècle, et, comme vous voyez, d’un bizarre style fantaisiste qui n’est pas extrêmement beau ; mais il y a quelques belles choses à l’intérieur, surtout des peintures, plusieurs très anciennes. On l’appelle la Galerie nationale ; je me suis quelquefois creusé la tête pour savoir ce que pouvait bien signifier ce nom ; quoi qu’il en soit, maintenant, tout endroit où l’on conserve des peintures comme curiosités est appelé Galerie nationale, peut-être d’après celle-ci. Naturellement, il y en a un certain nombre partout dans le pays.

Je n’essayai pas de l’éclairer, trouvant la tâche trop difficile ; mais je sortis ma magnifique pipe et me mis à fumer, et le vieux cheval continua à trottiner. Chemin faisant, je dis :

— Cette pipe est un joujou d’un grand travail, et vous paraissez si raisonnables dans ce pays, et votre architecture est si bien entendue, que