Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/132

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dormi. Puis, il lui avait bonnement montré la plaie qu’il s’était faite au front. Oui, décidément, elle devait le croire bête, bête comme un couplet du revuiste Henri de Gorsse. Pour la rendre bête à son tour, il avait envie de perpétrer quelque extravagance énorme, par exemple de pénétrer soudainement dans le cabinet de toilette et de réclamer d’un ton sévère :

— Où donc a-t-on mis mon bonnet de nuit, sacredieu ?

Heureusement, il se ravisa :

— Ah ! ça, mais je ne suis qu’une brute !… La dernière des brutes. ! Je devrais délirer de joie et je ne songe qu’à un scandale imbécile. Et je blasphème, qui plus est ; j’établis des comparaisons entre la mère Péruwels et Mlle  Girard ! Comme si la maîtresse d’un prince du sang pouvait se donner eu deux temps, trois mouvements, ainsi qu’une simple tenancière d’hôtel borgne ! Je ne suis pas seulement la dernière des brutes, je suis un misérable ! Et, par-dessus le marché, je me permets de faire le malin : je remâche des aphorismes de moraliste prétentieusement insane