Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/27

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— Vous ? Mais vous êtes un bouquet.

— Joie céleste !

— Je suis franche. Je chéris tout ce qui est jeune, élégant, fin et beau. Je chéris…

— Je sais quoi, interrompit Lauban.

— Alors, dites.

Il lui parut adroit de montrer que le passé de Gaëtane ne lui était pas inconnu et de témoigner quelque jalousie rétrospective ; les dents serrées, comme un qui prononce le nom d’un rival abhorré, il dit :

— Lernould !

Gaëtane le regarda d’un œil candide :

— Lernould a de l’esprit, prononça-t-elle.

— Moi, cet homme-là, je le déteste.

La maîtresse du Prince Jean eut un mouvement, pas trop théâtral, de surprise :

— Ah ! çà, que vous a-t-il donc fait ?

Lauban faillit rugir : « Il a été votre amant, madame ! » mais un instinct obscur l’avertit à temps qu’il allait se couvrir de ridicule, outre que, cabotine professionnelle, Gaëtane Girard ne se laisserait peut-être pas prendre à son cabotinage d’amateur. Aussi feignit-il, assez adroitement, d’avoir voulu plaisanter