Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/28

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et sombrant sa voix comme un troisième rôle de mélo :

— Ce qu’il m’a fait ? Mais il m’a privé de douceurs ! Vous êtes venue tard, après minuit, et, en somme, vous avez pu croire que s’il ne restait que du gin, c’est que nous avions tout absorbé. Erreur, j’étais là, tapi comme un tigre, à l’ouverture du buffet. J’ai donc vu. Et j’ai vu… que je n’ai rien vu. Pas un bonbon, pas un sirop, pas une glace : c’est surtout le manque de glace qui, chose curieuse, a jeté un froid.

— Ah ! il y a eu un froid ?

— Alors, le tigre tapi ?

— Le tigre tapi s’est tapé. Voilà un mot que Maugis m’envierait. Mais je prétends qu’un amphitryon assez purée pour n’offrir que du tord-boyaux britannique et du jambon entre des tranches de pain, ne doit pas avoir le culot d’inviter des poètes.

Gaëtane effleura des lèvres le menton de l’ami Pierrot :

— Pour vous consoler.

— Oui… Mais ça, dit-il, c’est le contraire d’une glace.