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L’ÉPOPÉE DE L’UNGAVA

« Le voyage, de Saint-Félicien jusqu’au bras Sud-Est du lac Chibougamau, prit trois semaines. La température était si clémente, que nous décidâmes de pousser jusqu’au milieu du lac, à la pointe du Cuivre, sur l’île au Portage, une distance de 14 milles. C’est une aventure que nous risquions rarement, car les tempêtes y étaient dangereuses et j’en ai vu se lever en moins de cinq minutes. Cependant, nous atteignîmes très bien notre destination, après trois heures d’un dur travail sur les avirons.

« Un peu avant d’atteindre notre campement, M. Obalski remarqua un gros bloc de quartz sur la rive et débarqua pour l’examiner. Ce roc pesant une tonne environ, était strié d’or vierge ; ses angles rugueux indiquaient qu’il n’avait pas été transporté très loin du filon principal.

« Le lendemain matin, nous nous mîmes à la recherche de ce filon, duquel le bloc s’était détaché il y a des millions d’années, et le trouvâmes sur le mont Paint. Il y avait une veine de quartz — 40 pieds de largeur sur une longueur de 150 pieds — farcie d’or. Je revins à notre campement avec un échantillon de cinq livres rempli de métal précieux. Mon père en fut si content qu’il déboucha séance tenante une bouteille de whisky et nous bûmes au succès de notre entreprise. Il fallait un événement comme celui-là pour me faire boire, car je touche rarement à ce vil liquide.

« Mon frère et moi décidâmes alors de nous livrer à un peu de prospection et nous découvrîmes, près du lac Bourbeau, une autre veine de quartz à haute teneur d’or ; cette propriété appartient maintenant à Norbeau Mines Ltd., une subsidiaire de Noranda Mining Corporation. Quelque jour, une grande mine sortira peut-être de cette concession.

« Revenant au Chibougamau par traîneau à chiens, durant l’hiver 1905-06, nous atteignîmes notre ancien poste