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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/124

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

« Chaque tribu s’honore d’un homme-médecin, ou théologien. C’est lui qui manipule les chaînes spirituelles et unit le jeune couple dans les liens matrimoniaux.

« Les Indiens du Chibougamau et du Mistassini sont presque tous de foi presbytérienne et le couple est à nouveau marié lorsqu’un ministre, évangile en main, visite la région, ce qui se fait environ une fois tous les cinq ans. Le révérend s’informe auprès des époux s’ils sont heureux et s’ils désirent rester unis jusqu’à la mort. La réponse est d’ordinaire affirmative — ils peuvent difficilement dire non, avec trois ou quatre marmots remplissant la tente de leurs jeux et de leurs pleurs. — Alors, l’homme blanc les bénit et leur fait don, assez souvent, d’une ou de deux tablettes de chocolat.

« Contrairement aux blancs, l’Indien du Chibougamau est scrupuleux dans sa vie amoureuse et il traite les femmes avec courtoisie et respect. Et, contrairement aussi aux habitudes du blanc, il ne cherche jamais à faire la cour à l’épouse du voisin. La coutume « civilisée » de se battre à coups de rouleau à pâte et de vaisselle est inconnue. Chez les sauvages personne ne peut se vanter d’en avoir vu un seul frapper sa femme, lorsqu’il est ivre, l’Indien devient presqu’aussi stupide que le poivrot à la face pâle… mais tout de même pas autant.

« Les femmes indiennes sont extrêmement pudiques. Elles ne portent que des robes descendant jusqu’à la cheville, des blouses nouées au cou et considèrent les corsets et les soutiens-gorge comme une autre manifestation de l’imbécilité des femmes blanches. Durant les mois d’été, tous les membres d’une famille peau-rouge portent des bottes non lacées ; et en hiver — cela va de soi — la chaussure traditionnelle est le mocassin en peau d’orignal. Pour confectionner leurs mocassins, les Indiens commencent par enlever le poil d’une peau d’orignal, au moyen d’un racloir