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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/128

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

couchettes, un fourneau et des fanaux. C’était un poste de secours vraiment confortable pour un prospecteur surpris par la tempête.

On était très affairé à l’extrémité est du lac Chibougamau. C’était au début de l’été et, de nouveau, les voyageurs passaient par le portage à Rainbow Lodge. Ils se dirigeaient vers la baie de l’Ours, la pointe Magnétite, la baie Nepton, la baie McKenzie… explorant — cherchant… cherchant… explorant. Presque toujours, lorsque mes visiteurs m’adressaient quelques phrases, revenaient les mots : « cuivre, zinc, plomb, or, uranium ou tungstène ». Le tungstène… Ah ! tout le monde en parlait respectueusement, car le gouvernement des États-Unis avait récemment garanti un prix de base de 65 $. la tonne pour ce rare métal stratégique, sans s’occuper du prix courant qu’on offrait sur le marché.

L’un des premiers prospecteurs à venir me visiter me demanda si je serais intéressé à certaines concessions qu’il possédait dans le canton de Dauversière, au sud de la route et tout près de récentes découvertes minérales d’importance.

— Y a-t-il de l’or sur votre propriété ? demandai-je.

— Il doit y en avoir, dit-il en riant, car je n’en ai pas ramassé.

Un autre prospecteur vint me confier ses ennuis domestiques. « Ce qui me met en fureur, dit-il, c’est que mon mariage m’a coûté beaucoup d’argent. J’avais acheté des parts de nickel à 4,50 $ et les avais revendues à 13,00 $ pour monter mon ménage ; mais lorsque je vois que la cote en est rendu à 40, $, la tête me tourne et je sens que je vais m’évanouir. Quand je songe que je serais riche si je n’avais pas épousé cette… cette… Mais, mon épouse ne me reverra jamais plus, car j’ai décidé de passer le