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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/129

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L’ÉPOPÉE DE L’UNGAVA

reste de mes jours dans la brousse, malgré les misères qu’on y endure. »

Ce que voulait dire le prospecteur était assez clair, mais Shakespeare l’avait exprimé beaucoup mieux, en deux lignes les plus terribles de la littérature anglaise :

« La guerre n’est même pas un conflit
En comparaison du foyer sombre et de l’épouse détestée. »

En substituant les mots « la vie dans la brousse » à « guerre », nous comprenons pourquoi notre homme préférait la prospection à l’existence avec une chipie.

« L’attitude du prospecteur envers son épouse me remémore la réflexion de J. B. « Mike » Lynch, gradué de Princeton et Président très connu de Siscoe Gold Mines Ltd. Nous dînions ensemble à Montréal, en compagnie d’une très jolie femme, lorsque tout à coup, elle entonna un hymne de haine. Son mari était comme ci, il était comme ça. Ses tirades étaient si vitrioliques, que nos meilleurs plats en furent ruinés. Lorsqu’elle nous eut quittés pour quelques instants, Mike murmura : « Nous avons, hélas ! Entendu son histoire. Je voudrais maintenant entendre la version de l’époux… puis la véritable histoire. »

En 1951, on voyait presque autant d’avions au Chibougamau que de canots, de fret. L’année précédente, il n’y avait que deux compagnies d’aviation desservant la région : on en comptait maintenant six. De plus, un certain nombre d’appareils privés étaient stationnés régulièrement non loin du site de la « ville ». Tous ces avions transportaient de l’essence pour les moteurs des foreuses, des portes et châssis pour les cabanes de bois rond, des madriers pour servir de planchers dans les tentes, ainsi que mille autres objets nécessaires à un campement minier. Lorsqu’ils revenaient vers la « civilisation », les avions rame-