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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/130

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

naient parfois des hommes ayant besoin de soins médicaux et d’innombrables sacs remplis de précieuses carottes que les foreuses avaient remontées à la surface et qu’il fallait faire analyser. Il n’existait aucun bureau des postes au Chibougamau. C’était la compagnie d’aviation de Mont-Laurier qui transportait de Roberval, gratuitement, la correspondance. La base d’avions de cette compagnie, au Lac Caché, servait de centre de distribution pour des tonnes de lettres et de paquets arrivant chaque semaine.

Le vrombissement d’un avion approchant me faisait toujours battre le cœur. J’écoutais, immobile. Se jetterait-il dans la baie Bateman ou passerait-il tout droit ? Ses passagers étaient-ils des amis ou des gens hostiles ? (Car j’avais des ennemis moi aussi ; mais, à quoi bon entretenir le lecteur de mes ennuis ?) Recevrais-je de bonnes ou mauvaises nouvelles ? Ma réaction la plus agréable, c’était de me rendre compte que l’avion continuait son chemin sans se poser !

Vers la mi-mai, un petit hydravion vint s’amarrer à notre quai. Ceux qui en descendirent étaient Hugues Dupuis, de la Dupuis Mining Exploration Company, de Val d’Or et son pilote Léo Gagnon. Dupuis me dit qu’il était à la recherche de propriétés minières valant la peine d’être exploitées.

— Je survole toute la région, me dit-il, me déposant et examinant un peu partout ; la plupart du temps, nous gaspillons en vain notre carburant, car les trouvailles ne sont pas très fréquentes. Voici quelques jours, un prospecteur me confia qu’il avait découvert une veine de cinquante pieds de largeur au lac… Nous avons été voir ça dans l’avion ; la veine est large de trois pouces et d’une longueur négligeable. Elle n’a aucune valeur commerciale. Je vous assure que dans ce métier, il faut être tolérant et patient !