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Page:Wilson - L'appel du Chibougamau, 1956.djvu/132

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L’APPEL DU CHIBOUGAMAU

Un soir que nous sirotions ensemble un verre de Scutee Waboo (c’est ainsi que les indigènes appellent l’alcool), Graham me déclara que ce qui l’intéressait avant tout dans le Chibougamau, c’était sa richesse en minerai de fer. « Un jour, ajouta-t-il, on découvrira sur ce territoire un gisement ferrugineux d’une telle importance, que le cuivre et l’or de toute la région seront de la petite bière à côté du fer ».

Mon visiteur suivant fut Harry Demorest, de la Demorest Drilling Co., de Noranda. M. Demorest pratiquait son métier depuis trente ans et il avait été témoin de bien des changements de technique et d’équipement. « En 1920, dit-il, nous étions contents lorsque nous pouvions forer 1,200 pieds par mois. Aujourd’hui, nos machines peuvent creuser, dans le même laps de temps 2,400 pieds ».

Durant la deuxième guerre mondiale, Demorest avait fait partie d’une équipe de foreurs à Gibraltar et il avait mérité un O. B. E. (Order of the British Empire) pour ses services distingués.

Un jour, vers la fin de l’été, je dînais avec Demorest au camp O’Connell, lorsqu’un jeune ouvrier de la nouvelle route que je connaissais vint s’asseoir à notre table, commanda son repas et se mit à écouter attentivement notre conversation. (Nous discutions le problème des ouvriers qui risquaient tout leur salaire sur des titres miniers bon marché, perdant ainsi, presque toujours, leur argent.

Demorest et moi parlions justement des méthodes malhonnêtes de certains promoteurs, qui haussaient artificiellement la cote des actions, revendaient ce qu’ils possédaient, puis « retiraient le bouchon », faisant ainsi dégringoler le prix des titres. Acheter des titres de ces oiseaux-là, déclara Demorest, c’est comme de jouer sur les chevaux.